MAIN DE MAITRE COMPORTEMENT CANIN

LA ZOOTHÉRAPIE

Ces dernières années nous avons tous remarqué l’apparition d’animaux de compagnie dans nos hôpitaux et centres d’hébergement pour personnes âgées. Est-ce approprié ou tout à fait insouciant d’accepter des visiteurs « à poils ou à plumes » dans ce type d’établissements ? Je me suis posée la question à maintes reprises mais je n’ai jamais trouvé de réponse satisfaisante jusqu’à aujourd’hui. En effet, après avoir complété 5 semaines intensives de formation théorique, 38 examens et 160 heures de stage, j’ai observé, j’ai mis en pratique et j’ai compris.

Observé de mes propres yeux la magie qui s’opère entre le chat et le patient alité, entre le chien et le jeune autiste, entre l’oiseau et le prisonnier qui le nourrit. Mis en pratique la matière que j’ai vue lors de ma formation académique. Et compris l’importance de la présence d’animaux domestiques dans la vie de bien des gens, que ce soit à la maison ou dans un établissement. Ils jouent un rôle essentiel dans notre équilibre.

Je crois que je devais le vivre pour bien comprendre l’utilité de la zoothérapie. J’ai vu des yeux ternes et sans vie s’illuminer à la vue d’un chat. Les humains, que j’aime appeler les « deux pattes », seront toujours bons deuxièmes en présence des ces « guérisseurs à 4 pattes » mais c’est pour une cause très honorable: le bien-être des gens.

Chronologie

Bien avant que la présence d’animaux domestique dans nos vie n’atteigne l’engouement qu’elle a aujourd’hui, son effet bénéfique sur l’Homme était déjà reconnu au 17^e siècle. En effet, la croyance populaire voulait que s’occuper d’un animal avait la capacité de rétablir l’harmonie entre le corps et l’esprit.

Florence Nightingale (1820-1910), fondatrice des techniques infirmières modernes, est l’une des pionnières dans l’utilisation d’animaux domestiques dans le but d’accroître le bien-être de ses patients. Durant la guerre de Crimée (1854-1856) elle gardait une tortue à l’hôpital où elle travaillait car elle était persuadée que les animaux avaient le pouvoir d’apporter réconfort et de diminuer l’anxiété.

Durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), des animaux tenaient compagnie aux blessés de guerre durant leur convalescence afin de briser la solitude, diminuer le stress et accélérer leur guérison. Durant la même période (1944) la Croix-Rouge de New York a mis sur pied un programme thérapeutique entre l’homme et l’animal.

Le nom de Boris M. Levinson (1908-1984) surgit dans les livres, les documentaires ainsi que les articles sur la zoothérapie retrouvés dans Internet. Surnommé le « père de la zoothérapie » ou « la thérapie facilitée par l’animal », ce pédopsychiatre américain approuvait l’utilisation d’animaux en tant qu’outil thérapeutique dans le traitement de divers troubles psychiatriques. Selon lui, les animaux sont particulièrement utiles pour les personnes se retrouvant aux stades les plus difficiles de la vie.

Il publie dans les années 60 un premier article intitulé

The dog as a co-therapist (Le chien en tant que co-thérapeute). Après avoir observé accidentellement l’effet d’un petit chien sur les habiletés de communication d’un enfant atteint d’autisme, il décida d’introduire un chien dans sa pratique de psychothérapeute pour enfants. En effet, lorsque Dr Levinson ne recevait pas de patients, son chien lui tenait compagnie dans son bureau. Ce jour-là, le petit patient s’est présenté plus tôt que prévu et à la vue du chien a tout de suite commencé à interagir avec lui. Ce fut le début d’une longue aventure pour Dr Levinson.

Si l’animal fait partie de nos vies depuis l’Antiquité et que les effets positifs de sa présence est reconnue depuis le 17e siècle, il faudra attendre le 21e siècle pour que la recherche se développe et démontre de façon scientifique ses bienfaits aux niveaux physiologique, psychologique et socio-affectif. Nous en sommes qu’au début des recherches, la zoothérapie étant un domaine de recherche relativement récent.

TAA

La zoothérapie ou la thérapie assistée par l’animal (TAA) consiste à une intervention thérapeutique où un animal entraîné et minutieusement sélectionné est introduit par un professionnel de la santé qualifié. Ce dernier utilise une grille d’évaluation et une fiche évolutive dans le but d’atteindre des objectifs précis. Ce processus thérapeutique a pour but d’améliorer, de guérir ou de maintenir l’état du patient. Elle est plus souvent pratiquée individuellement. Le professionnel doit avoir reçu une formation en zoothérapie ou être accompagné d’un intervenant en zoothérapie lors de la séance.

AAA

L’activité assistée par l’animal (AAA) est pratiquée par un professionnel de la santé ou un intervenant en zoothérapie et peut prendre différentes formes tout dépendant de la clientèle visée. La visite animalière, l’animoforme (activité physique) ainsi que l’animation animalière peuvent être utilisées à titre préventif, éducatif ou de divertissement. Elle est plus souvent pratiquée en groupe. Une grille d’évaluation de l’intérêt est remplie et remise au responsable pour évaluer la pertinence d’une telle activité.

Service animalier

Le service animalier est pratiqué par un professionnel de la santé, un intervenant en zoothérapie ou tout autre personne (membre de la famille) qui n’est pas dans l’obligation d’avoir reçu de formation spécifique en zoothérapie ou dans le domaine de la santé. Elle a pour mission de rendre visite avec l’animal de compagnie du patient dans l’établissement de santé ou le centre d’hébergement où il réside afin de permettre une continuité du milieu familial et ainsi maintenir une qualité de vie adéquate.

LES BIENFAITS DE LA ZOOTHÉRAPIE

L’animal n’a pas la capacité d’apporter des changements thérapeutiques à lui seul mais utilisé sous l’œil critique du thérapeute il devient un outil très précieux. Alors, la zoothérapie ne se veut pas un remède miracle et l’animal ne devient pas un substitut à l’humain. Il devient un complément de traitement très bénéfique. Voici quelques avantages procurés par la zoothérapie.

Les avantages physiques

Plusieurs études ont démontré que les animaux de compagnie exercent une influence positive sur l’anxiété et le stress. Une en particulier qui était constituée de deux groupes de patients psychiatriques évalués à la suite d’une séance de thérapie. Le premier groupe a suivi une thérapie assistée par animal et le second une thérapie traditionnelle. Les résultats démontrèrent une différence significative entre les deux groupes. En effet, les niveaux d’anxiété et de stress du premier groupe étaient en effet plus bas comparativement au second groupe. Les chercheurs, Barker et Dawson (1998) en sont venus à la conclusion qu’un contact positif avec des animaux de compagnie a un effet anxiolytique très important. Les niveaux de triglycérides ainsi que de cholestérol sanguin subiraient également une baisse chez les personnes propriétaires d’animaux de compagnie. Mais d’autres recherches scientifiques doivent être effectuées afin de corroborer ces dires. Énumérés ci-dessous, quelques autres avantages qu’exerce la zoothérapie sur le corps humain :

- diminution de la pression artérielle (systolique et diastolique)

- meilleure coordination musculaire

- prolongation de la durée de vie

- favoriser le maintien de la vigilance

- favoriser le maintien de l’autonomie physique

- meilleure récupération postopératoire

- meilleure réceptivité aux traitements médicaux

- favoriser l’activité physique

- stimuler les sensations corporelles

Les avantages psychologiques

L’utilisation de l’animal permet avant tout d’établir un climat détendu et facilite la création d’un lien de confiance entre le patient et l’intervenant. L’animal ne porte pas de jugement et aime sans condition. Le patient se sentant aimé et apprécié par l’animal sera définitivement plus détendu et réceptif à l’aide du professionnel. Sur une note plus légère mais non moins importante, le chien, le chat ou l’oiseau sont de très agréable compagnie ce qui procure du plaisir et permet d’oublier les tracas du quotidien. Ils incitent au jeu et cet aspect ludique de la zoothérapie est extrêmement bénéfique au niveau psychologique. Voici une liste non-exhaustive des bénéfices psychologiques :

- favorise le jeu tout en travaillant selon des objectifs déterminés

- prévient la perte d’affectivité

- permet l’affirmation de soi

- améliore la qualité de vie

- développe l’estime de soi et la confiance en soi

- source de motivation et de renforcement positif

- maintien ou apprentissage de l’autonomie

- stimulation des fonctions mnémoniques

- briser la solitude et l’isolement

- diminuer les effets de la dépression

- améliorer l’humeur

- augmenter les capacités de concentration et d’attention

Les avantages sociaux

- permet les rapprochements

- favorise les interactions entre individus

- améliore les capacités de socialisation

- facilite l’acceptation des handicaps

En effet une personne accompagnée d’un chien sera perçue comme plus accessible et amicale que les autres. La présence d’un chien, ou de tout autre animal, favorise l’installation d’un climat de confort. Ainsi toutes différences, handicaps ou malformations, seront soudainement minimisés au profit de la relation qui s’établira entre les interlocuteurs.

Texte rédigé par Julie Lafleur, 2007